Le recours aux médicaments issus de la médecine conventionnelle soulève parfois quelques interrogations et notamment la permission ou non de se soigner par ceux-ci?
Nous nous intéressons ici à la légitimité du recours aux médicaments dits « alcoolisés ».

Rappelons tout d’abord qu’il faille distinguer deux sortes:

  • les médicaments alcoolisés ou présentant un titre alcoolique significatif, comme cela s’observe dans les collutoires (spray pour la gorge), sirops anti-tussif et autres compléments multi-vitaminés (en ampoule)
  • les médicaments contenant dans leur principe actif ou leurs excipients des formules moléculaires alcoolisées, appelées « groupe alcool » en chimie organique, mais qui ne sont pas des alcools à proprement parler

Nous remarquerons que les médicaments alcoolisés concernés par ce souci jurisprudentiel ne sont pas nombreux et ne sont jamais nécessaires. L’idée de la nécessité ne peut donc pas être retenue d’autant qu’il existe une alternative médicamenteuse non alcoolisée très fournie et largement répandue en officines.

N’hésitez donc pas à demander conseil à votre pharmacien qui se doit de respecter vos convictions personnelles aussi longtemps qu’il ne s’agisse pas d’une prescription médicale non substituable et dans ce cas c’est auprès de votre médecin traitant qu’il vous faudra alors vous enquérir de cette question.

Profitant d’une assise avec shaykh Souleyman Ar-Rouheyli, enseignant à la mosquée sacrée de Médine, nous lui avons soumis cette problématique:

Questionneur:

Il existe bon nombre de médicaments faisant intervenir des composants alcooliques tels que certains collutoires ainsi que certaines solutions antiseptiques (utilisées dans le soin des plaies) dont la concentration alcoolique est à 70%, pour un usage externe, mais aussi d’autres spécialités destinées au traitement de pathologies respiratoires tels que divers comprimés et sirops dont le bénéfice expérimental est attesté de même que l’inocuité et l’utilité de leurs alcools, quel est le statut juridique du recours à ces denrées?

Shaykh:

Les médicaments contenant de l’alcool se distinguent en deux catégories:

  1. Une première sorte dans laquelle le composé alcoolique demeure même si sa concentration est faible, de l’ordre de 5% voire 2,5%, le recours à celle-ci est interdit car elle est de ce fait enivrante,  » ce qui enivre en grande quantité est interdit en petite quantité », Allah n’a point fait de l’alcool une source de guérison, et ceci en fait partie,
  2. Quant à la seconde, l’alcool (présent dans cette dernière) subit une transformation en une autre substance de telle sorte que, mêlé aux autres excipients, sa nature alcoolique s’altère, on parle alors de composé alcoolisé et non d’alcool à proprement parler, si sa nature (enivrante) s’est dissipée alors il n’y a pas de mal à y recourir,

Questionneur:

Si le médecin prescrit une telle substance, dont l’alcool ne se dissipe pas, comment s’y prendre?

Shaykh:

Comme nous l’avons vu, si une telle substance est présente alors il n’est pas permis d’y recourir; le prophète (‘alayhi salat wa salam), au dessus de tout médecin, a affirmé que l’alcool était une source de mal et non de guérison, quand bien-même ils s’entêteraient à soutenir son intérêt (thérapeutique), nous disons qu’il est une source de maladies qu’ils ignorent eux-mêmes.