Derrière ce nom barbare, se cache une maladie rhumatologique fréquente qui touche environ 0.11% de la population française, principalement des hommes jeunes entre 15 et 40 ans.

Elle appartient à un groupe de maladies « les spondylarthropathies » qui intéressent près de 180000 personnes en France.
De quoi s’agit-il? La spondylarthrite ankylosante(SPA) est responsable d’une inflammation de la colonne vertébrale et du bassin mais elle peut aussi atteindre les articulations des membres et avoir des manifestations extra-articulaires(=inflammation de l’oeil, de la peau et des intestins). Son origine est encore inconnue mais le caractère génétique est,quant à lui, validé avec notamment l’identification du gène HLA B27 qui prédispose à la maladie.

La SPA évolue lentement et par poussée. Son diagnostic est souvent tardif avec une moyenne de 5 ans après le début des premiers symptômes.

Les premiers symptômes ressentis par le patient sont des douleurs dans le bas du dos et les fesses. Elles surviennent surtout la nuit et sont responsables de réveils nocturnes(souvent en 2e partie de nuit vers 2h-3h du matin) et sont associées à une raideur matinale qui met, généralement, plus de 30 minutes pour disparaître. Ceci explique une fatigue souvent décrite chez ces patients.

Ces douleurs ont la particularité de s’aggraver au repos et, au contraire, de s’atténuer à l’effort ce qui distingue la SPA d’un rhumatisme mécanique banal comme le lumbago.

D’autres symptômes sont possibles: gonflement douloureux d’une ou plusieurs articulations(genou, cheville mais aussi doigts et orteils dits « en saucisses »), douleur du talon ou talalgie, uvéite(= oeil rouge et douloureux), psoriasis(=maladie de la peau), diarrhées. Concernant l’atteinte digestif, ce tableau doit également faire évoquer une MICI(maladie inflammatoire des intestins) et notamment une maladie de Crohn(cf.article correspondant).

La SPA évolue lentement et reste relativement bénigne se caractérisant par une douleur et une limitation des mouvements du dos et du thorax. Les lésions peuvent atteindre toute la colonne vertébrale,du bas du dos jusqu’à la nuque, et l’enraidir progressivement.
Son évolution est marquée par des accès douloureux qu’on appelle des poussées ainsi que des périodes d’accalmies.

Cependant, environ 10% des malades vont développer une forme grave de la maladie. Elle se caractérise alors par une ankylose sévère, c’est à dire une limitation sévère des mouvements de la colonne vertébrale mais aussi du thorax(pouvant gêner la respiration) et des autres articulations. Cette forme grave de la maladie est responsable d’un handicap fonctionnel qui va retentir sur la vie familiale, sociale et professionnel.

Le traitement permet de traiter la douleur, l’inflammation, limiter la fréquence des poussées mais aussi de lutter contre les complications de la maladie et l’enraidissement.
Il consiste en premier lieu au recours aux médicaments anti-inflammatoires usuels(=AINS) voire aux corticoïdes et à la rééducation fonctionnelle avec l’aide,notamment, d’un kinésithérapeute.

Pour les formes les plus avancées, il existe d’autres traitements représentés par les immunosupresseurs et les anticorps monoclonaux comme dans le traitement de la maladie de Crohn.

Les anticorps monoclonaux comme les anti-TNF correspondent à une nouvelle classe de traitement, les biothérapies. En fait, le TNF(Tumor necrosis factor) est une protéine qui est fabriquée en excès dans la SPA et qui va être responsable de l’inflammation chronique. La biothérapie a pour but alors de mettre au point une substance qui va bloquer l’action délétère de cette protéine. Dans le cas de la SPA, cette substance est un anticorps dirigé contre le TNF d’où le nom d’anti-TNF. Pour plus d’information,se référer au site officiel des biothérapies.
Sur ce même site,un service en ligne permet à tous les patients sous anti-TNF de bénéficier d’un suivi personnalisé par une infirmière-conseil.

Pour revenir à la rééducation, il est important de maintenir une activité physique régulière surtout en dehors des crises. Pour les formes précoces de la maladie, tous les sports sont possibles mais si la maladie est évoluée, il faudra alors exclure tout ce qui peut provoquer des traumatisme du rachis.
L’objectif principal de la rééducation est de préserver la mobilité du rachis et des différentes articulations. Voici un exemple d’exercices recommandés .

L’utilisation de l’analgésie thermique permet de calmer les douleurs. Il s’agit d’appliquer du froid(sac de glace) sur une articulation très inflammatoire ou du chaud(douche chaude) sur une articulation douloureuse mais peu enflammée. Il existe aussi des thermo-compresses en vente en pharmacie(on peut les refroidir au congélateur ou bien les réchauffer dans de l’eau chaude). Il faut penser à mettre un linge entre la peau et la source de froid/chaud pour éviter les brûlures et autres lésions cutanées.

En conclusion, tout personne de moins de 50 ans qui présente une dorso-lombalgie chronique(= mal de dos depuis plus de 3 mois) et qui présente deux ou plus des éléments suivants:
– raideur du dos au réveil persistant plus de 30 minutes
– réveil nocturne en raison des douleurs
– douleurs calmées par l’effort et augmentées par le repos
– fessalgies à bascule(=douleur des fesses tantôt à gauche, tantôt à droite)
Alors, il est nécessaire de consulter son médecin traitant car il s’agit vraisemblablement d’un rhumatisme inflammatoire. Aidé de l’examen clinique, d’un bilan sanguin et de certains examens d’imagerie, le médecin traitant pourra évoquer une SPA et orienter la prise en charge par un rhumatologue, spécialiste de cette maladie.

Il existe actuellement une campagne de sensibilisation réalisée conjointement par la Société française de rhumatologie(la SFR) et le laboratoire Pfizer, « dos au mur ». Un site spécialement dédié à la SPA,très détaillé et ludique a été conçu à cet effet.
Une brochure explicative est également disponible.

sources:
Haute autorité de santé(HAS), « Diagnostic, prise en charge thérapeutique et suivi des spondylarthrites » déc.2008
Société française de rhumatologie(SFR), « la spondylarthrite ankylosante » Pr D.Wendling 2007
Centre de rhumatologie et rééducation fonctionnelle, Hôpital militaire d’instruction Mohammed V,Rabat, Pr A.El maghraoui 2003