L’étude de la nature humaine, de ses penchants et de son interaction avec autrui fait depuis toujours l’objet de convoitises et a contribué à l’élaboration de la science de l’âme ‘ilm an-nafs, ou dans sa dénomination moderne la psychologie. En effet, le terme psychologie dérive du grec psyche qui désigne l’âme.
Pourtant, l’enseignement de la psychologie fait abstraction de la religion et du rapport à Dieu. Cette approche laïque ou profane de la psychologie explique ainsi que la religion ne soit jamais admise comme une possibilité de traitement, mais qu’au contraire, elle pourrait même être responsable de certains états de maladie. Pour Freud : « les doctrines religieuses sont toutes des illusions (…) Quelques-unes d’entre elles sont si invraisemblables, tellement en contradiction avec ce que nous avons appris, avec tant de peine, sur la réalité de l’univers, que l’on peut les comparer – en tenant compte comme il convient des différences psychologiques – aux idées délirantes » Ou encore : « La religion serait la névrose obsessionnelle universelle de l’humanité » Tirés de « L’avenir d’une illusion », p33 et p44, 1927, Paris.
En bannissant tout soutien à la spiritualité de l’individu, la psychologie profane limite de manière drastique ses possibilités de compréhension de l’individu mais aussi son champ d’expertise et de traitement. Dès lors, des questions existentielles telles que : l’origine de la création de l’homme, la raison de sa présence sur terre ou encore l’existence d’une vie après la mort ne trouvent pas de réponse.
Afin de remédier à ce non-sens, certains penseurs musulmans ont tenté d’élaborer une psychologie fidèle à son aspiration première, avec une approche plus globale de l’individu, dans laquelle la spiritualité aurait toute sa place. Néanmoins, lorsqu’on se penche sur ce qui est décrit comme étant la psychologie musulmane ou la psychologie islamique, on retrouve des contradictions manifestes avec la législation divine. Rappelons que la plupart des penseurs et philosophes des sociétés musulmanes tels que Ibn Sinâ, Ar-Râzi, Ibn Khaldûn et d’autres ont fondé leur pensée sur les enseignements des figures de la Grèce antique et en particulier Aristote. Parmi quelques caractéristiques de leurs idées, imprégnées de la pensée aristotélicienne et en opposition avec le dogme islamique, on note :
- le principe de « tabula rasa », il s’agit de considérer que l’être humain se façonne exclusivement par l’éducation et l’expérience. Sa nature est donc vierge, c’est-à-dire qu’au commencement de sa vie, il ne penche vers aucune voie ! Ceci est en contradiction avec le principe de la nature originelle, al-fitrah, sur laquelle Allah a façonné à chaque individu, le prédisposant à l’adoration exclusive de son Seigneur ;
- l’exclusion de la foi comme facteur causal des troubles psychologiques de l’individu. Ainsi, l’élévation ou la diminution de la foi n’interfère pas avec l’équilibre psychique de l’individu ! Ce qui est faux, la bonne santé mentale de l’individu est étroitement liée à la force de sa foi;
– le reniement des djinns et de la sorcellerie comme éléments causaux possibles à ces maux. Ils appartiendraient au domaine exclusif du spirituel et ne pourraient en aucun cas être responsables d’un état de maladie psychique ou autre ! Ceci est faux, l’animosité qui anime les diables parmi les djinns envers les humains est connue et leur interaction avec l’intégrité physique et mentale de ces derniers est soutenue par des preuves textuelles et empiriques.
Ainsi, les penseurs arabo-musulmans ont colporté des idéologies profanes qu’ils ont ensuite « islamisé », prenant le risque de légitimer ce qui s’oppose clairement à la législation islamique.
De nos jours, cet héritage de l’Antiquité s’est enrichi de nouvelles théories et concepts excluant le rapport à Dieu et connues sous le nom de la psychanalyse. C’est ainsi que les enseignements de Freud, Dolto, Winnicott et d’autres sont devenus incontournables pour quiconque s’intéresserait à la psychologie. On voit alors des psychologues et des psychiatres « musulmans » véhiculer ces idées contraires à l’islam et en faire l’apologie. Pourtant, l’islam apporte de réelles solutions, intemporelles et exhaustives permettant à l’individu de trouver une issu dans tous les maux qui l’atteignent.
À ce sujet, le Dr ‘Â’ishah Utz, docteur en psychologie clinique, diplômée de l’université de Virginie, aux Etats-Unis, et enseignante à l’université King Saud à Ryad dit : « La psychologie est l’une des disciplines scientifiques les plus intrigantes du fait que les êtres humains soient particulièrement curieux de leur propre nature. De manière assez ironique, il existe une multitude de théories et d’explications sur cette question, mais elles ne font que générer davantage de confusion au sujet des créatures qu’elles sont censées décrypter. Allah nous a comblés de Sa guidée dans tous les aspects de nos vies, y compris ce qui a trait à nos âmes et nos consciences. L’islam fournit dès lors des principes simples, précis et accessibles à tout un chacun concernant notre nature spirituelle, nos objectifs et nos priorités dans la vie, mais aussi sur la manière d’atteindre la sérénité et le bonheur dans cette vie et l’au-delà. » Tiré de « Psychology from the islamic perspective »
De même, shaykh Al-Albânî dit : « La divergence, quant au(x) chemin(s) menant au bonheur, ne se voit que chez les philosophes. Quant aux musulmans, qui croient en Allah et en Son messager, ils croient qu’il n’y a de chemin vers le bonheur, ici-bas ni dans l’au-delà, qu’en s’attachant à l’islam. Il n’y a donc pas de réponses multiples, mais uniquement le fait de se cramponner à l’islam. Inversement, celui qui souhaite une vie pénible n’a qu’à se détourner de l’islam. Ceci est clairement exprimé dans de nombreux versets dont la parole d’Allah :
« Et celui qui se détourne de Mon Rappel, mènera une vie pleine de gêne, et au Jour de la Résurrection, Nous l’amènerons au rassemblement aveugle. Il dira : « Ô Seigneur, pourquoi m’as-Tu amené aveugle alors qu’auparavant je voyais ? » [Allah] dira : « Tout comme tu as oublié Nos Signes qui te sont parvenus, aujourd’hui tu seras oublié. » Ta-Ha, v.124-126
Par ailleurs, il est nécessaire de rappeler une réalité manifeste et douloureuse qui est que de nos jours la plupart des musulmans ignorent, et certains d’entre eux ne mettent pas en pratique le fait que l’islam : le Livre d’Allah et la Sunna de Son Messager (‘alayhi salat wa salam) avec la compréhension des pieux prédécesseurs, est le remède à toutes les maladies psychologiques. Ces mêmes maladies qui, lorsqu’elles atteignent un individu ou une communauté, les privent de goûter au bonheur.
L’islam, fondé sur le Coran et la Sunna, avec la compréhension des pieux prédécesseurs, en est donc le remède. Mais je tiens à préciser que de nombreux concepts étrangers se sont introduits au sein de ce remède et, sans dire qu’ils l’ont totalement corrompu, je dirais qu’ils ont au minimum réduit son pouvoir de guérison. Ces concepts étrangers se sont introduits au sein de la croyance, de l’adoration et du comportement, expliquant dès lors que ce remède n’ait pu produire ses fruits au sein de la société musulmane. La faute ne doit donc pas à être imputée à l’islam, mais plutôt à ces choses rajoutées. […]
Finalement, ce type de questionnement, concernant les voies menant au bonheur, ne se voit que dans les universités qui ne sont pas spécialisées dans l’étude de la science islamique ou plutôt qui ne donnent pas d’importance à l’étude de l’islam mais s’intéressent davantage à l’étude de la philosophie et de la laïcité. J’insiste à nouveau sur le fait que le bonheur ne se trouve, en réalité, que dans l’islam, mais j’entends par là, l’islam avec sa véritable signification. » Silsilah Al-Hudâ wa-n-Nûr, k7 n°311
Il est donc nécessaire d’établir un véritable manuel de psychologie musulmane puisant sa source dans le Coran et la Sunna du prophète Muhammad (‘alayhi salat wa salam), à la lumière de la compréhension des pieux prédécesseurs. Ceci permettra de former, non pas des praticiens adeptes d’une psychologie islamisée, mais de véritables spécialistes en psychologie et psychothérapie musulmanes.
Après plus d’un an d’élaboration, je suis ravi de vous annoncer que ma contribution dans ce champ est désormais disponible sous le titre « Les maladies psychologiques, définition, prévention, remède », toujours aux éditions Tawbah.
Toutefois, ma maigre contribution n’a pas la prétention d’être ce manuel de référence dont nous avons tant besoin, mais elle a pour but d’en ériger les bases afin d’aider les gens communs à prendre conscience de la singularité de la nature humaine, et permettre aux professionnels de santé musulmans, investis sur la question de la psychologie, d’épurer leurs connaissances et leurs croyances.
J’implore Allah qu’Il bénisse ce travail, et que celui-ci puisse profiter à tous et à toutes, car Il est Omnipotent.
Je reste à votre disposition pour tout complément d’information,