En pratique courante, de nombreux praticiens musulmans peuvent se retrouver dans des situations où le soin d’une femme se présente à eux et plus précisément le risque d’un isolement, « al khulwa », avec cette dernière.
Il n’est pas question ici de remettre en question la légitimité du soin d’une femme par un homme qui demeure permis:
- lorsque la plainte est urgente avec une atteinte imminente à l’intégrité physique et/ou morale de la patiente
- ou qu’aucune alternative ne se présente à cette dernière, par la sollicitation d’un professionnel de la santé avisé, de sexe féminin
Mais il est plutôt question de savoir quelles sont les contraintes d’un tel exercice dans cette situation afin de minimiser tout risque de troubles et de torts à l’encontre de l’intéressée et de son soignant.
J’invite ainsi mes collègues, hommes et femmes, à fournir l’effort nécessaire au quotidien pour contrôler cet aléa professionnel qui je le conçois est plus difficile à observer en terre de mécréance qu’en terre d’Islam mais tel est notre responsabilité et nous devrons en rendre compte.
Voici un bref échange sur cette question avec shaykh Souleyman Ar-Rouheyli quant au cas particulier de nos consultations psychothérapeutiques où cet isolement peut parfois être jugé « nécessaire » de par les problématiques très sensibles auxquelles nous nous confrontons (sévices et déviances sexuels, paranoïa…):
Questionneur:
Lors d’une assise psychothérapeutique, le médecin peut éprouver le besoin de s’isoler avec sa patiente afin de soulever des problématiques privées, que penser de ce type d’isolement?
Shaykh:
Il n’est pas permis au médecin de s’isoler avec une patiente mais il incombe à cette dernière d’être accompagnée par son mahram ou, à défaut, par une autre femme afin de mettre fin à cet isolement, une infirmière par exemple. Toutefois, si cet isolement répond à une nécessité thérapeutique alors il est possible de recourir à une porte vitrée (ou fenestrée) voire une baie vitrée, permettant de les voir sans pour autant les entendre.