Nous poursuivons l’étude du livre « Les moyens utiles pour une vie heureuse » du shaykh Abdurrahman ibn Nasr As-Sa’di (qu’Allah lui fasse miséricorde) avec les précieuses annotations du shaykh Salih Ibn Sa’d As-Souheymi (qu’Allah le préserve).

Vous pouvez écouter le cours ci-dessous:

 

 » Puis le shaykh, qu’Allah lui fasse miséricorde, évoque un autre exemple : l’épreuve de la peur, que cela soit en rapport avec un ennemi, une difficulté financière ou une atteinte à sa santé ou toute autre chose similaire lui inspirant la peur.

Allah le très-haut a donné au croyant de quoi soigner ces peurs par le raffermissement de son cœur et par la force de sa foi qui lui permettent d’accueillir ces épreuves avec force et courage et de les dissiper.

Tu le vois alors, face à ce mal, confiant, espérant la récompense d’Allah et endurant en cela.

Allah dit :

 » Très certainement, Nous vous éprouverons par un peu de peur, de faim et de diminution de biens, de personnes et de fruits. Et fais la bonne annonce aux endurants. Ceux qui lorsqu’ils sont touchés par une calamité s’écrient : nous sommes à Allah et c’est à Lui que nous retournerons. Ceux-là recevront les éloges d’Allah et Sa miséricorde, et ceux-là sont les biens-guidés  » S2V155-157

En même temps, le croyant place sa confiance en Allah, il s’en remet pleinement à Lui et renforce son lien avec Lui en raison de la force de sa foi.

Au contraire de celui dont la foi est faible ou absente et qui se retrouve impuissant face à ce qui l’atteint.

Dans ces circonstances, ceux-là sont les plus à même à se lamenter, à déchirer leur vêtement ou à s’exclamer comme dans la période préislamique(al jahiliya) en raison de la faiblesse de leur foi leur rendant difficile l’acceptation du destin d’Allah et de Son décret.

Lorsqu’ils font face à un ennemi ou un oppresseur, les voilà alors démunis, impuissants, vaincus et recourant parfois à des moyens dramatiques pour se sauver de cette calamité tel que le suicide ou autre. Nous pouvons toutefois trouver des similitudes entre le croyant et le mécréant car ce dernier peut aussi se montrer vigoureux, téméraire et bénéficier d’une armée solide face à l’ennemi mais de par sa foi, le croyant aura une vigueur et un courage inégalés, son armée sera davantage solide et imperturbable car il sait que toute affaire est sous l’effet du destin d’Allah et de Son décret.

2e moyen :

« Il s’agit de la bienfaisance envers autrui car le bien apporte le bien tandis qu’il repousse le mal.

 » Il n’y a rien de bon dans la plupart de leurs conversations sauf si l’un d’eux ordonne une charité, une bonne action ou une conciliation entre les gens. Et quiconque agit ainsi en recherchant l’agrément d’Allah, à celui-là Nous donnerons bientôt une récompense énorme  »  S2V114

Le serviteur fait ainsi don, de son aide et de sa bienfaisance, à autrui et en particulier aux musulmans, qui sont les plus en droit à son soutien après l’aide d’Allah le très-haut.

Le musulman est donc bienfaisant envers les autres musulmans mais aussi envers toute la création, les mécréants y compris. Ainsi, s’il peut leur être profitable dans les affaires de la vie ici-bas alors qu’il le fasse et cela peut même être la cause de leur conversion à l’Islam.

Si le croyant est bienfaisant envers autrui alors Allah l’élèvera en degré, dissipera ses tourments et il recevra une récompense énorme de la part de son Seigneur.

Par ailleurs, la distinction entre le croyant et le mécréant est que le mécréant peut aussi faire preuve de bienfaisance dans cette vie mais afin d’obtenir la célébrité et une bonne réputation.

 » Et ceux qui cherchent l’au-delà et fournissent les efforts qui y mènent, tout en étant croyants alors l’effort de ceux-là sera reconnu  » S17V19

Le croyant, quant à lui, œuvre dans l’obéissance à Allah et en espérant la récompense d’Allah, gloire et pureté à Lui. D’autre part, il jouit aussi des fruits de sa bienfaisance tel que le fait qu’il soit une cause de guidée par exemple.

« Et donne au proche parent ce qui lui est dû ainsi qu’au pauvre et au voyageur » S17V26

« Faites preuve de bienfaisance car Allah aime les bienfaisants » S2V195

« Allah est avec les pieux et les bienfaisants » S16V128

« Et ainsi Nous récompensons les bienfaisants » S6V84

« Ordonne le convenable et éloigne-toi des ignorants » S7V199

Le prophète(prières et salutations d’Allah sur lui) a dit :

« Allah a inscrit la bienfaisance dans toute chose » Sahih Targhib wa Tarhib(n°1089)

Il nous a été ordonné d’être bienfaisants envers toute la création et les croyants en particulier.

Quant à la bienfaisance, elle est liée à trois points, conformément au hadith sur les droits du voisin :
– celle qui donne lieu à trois rétributions : le musulman parmi les proches parents et voisin à la fois.
– celle qui donne lieu à deux rétributions tel que le voisin musulman éloigné(non parmi les proches parents).
– celle qui donne lieu à une seule rétribution tel que le mécréant. Ce dernier dispose, en effet, du droit à l’invitation à l’Islam et du droit de bienfaisance à son égard dans les affaires de la vie ici-bas.

3e moyen :

« S’occuper avec une œuvre ou une science utile afin de permettre au cœur de se décrocher des préoccupations qui le chagrinent »

Ce point évoque le remède à la nervosité, à l’anxiété et aux frayeurs qui animent l’individu en conséquence de ce qu’il subit comme épreuve et difficulté.

Le shaykh met ainsi en évidence l’importance de s’investir dans la pratique d’une œuvre profitable à soi-même et aux autres et dans l’apprentissage ou l’enseignement d’une science profitable à soi-même et aux autres.

L’une des causes de l’anxiété qui touchent le musulman est le fait qu’il n’occupe pas son temps par une œuvre ou une science profitable et en premier lieu par l’évocation d’Allah le très-haut.

De même que pour le point précédent, ceci n’est pas le propre du musulman mais cela peut aussi concerner le mécréant. Néanmoins, le croyant espère auprès d’Allah une rétribution ce qui le pousse à s’investir dans une œuvre louable et bénéfique pour lui-même et à autrui, dans l’obéissance à Allah.

De même, cela s’applique sur les activités de la vie quotidienne qu’il s’agisse d’un artisan, d’un maçon, d’un enseignant, d’un ingénieur ou dans toute autre situation, il œuvre à travers son activité à satisfaire Son seigneur d’où il tirera sa propre satisfaction.

Ainsi, le prophète(prières et salutations d’Allah sur lui) a dit :

« Lorsque l’un d’entre-vous assouvi son besoin avec son épouse, ceci équivaut à une aumône. On lui dit : « comment est-ce possible, être récompensé pour avoir assouvi un désir charnel ? Il répondit : certes s’il l’avait assouvi dans ce qui est interdit, il aurait été puni de même que s’il s’y adonne dans ce qui lui est permis, il en sera rétribué » As-Sahiha(n°454)

En effet, il peut à travers cela chercher à se préserver ainsi que sa femme mais espérer aussi une progéniture pieuse qui sera bénéfique à l’Islam et aux musulmans.

Il en est de même dans l’investissement dans une science profitable telle que la science religieuse ou la science médicale par lesquelles le croyant recherchera la satisfaction d’Allah, à la différence du mécréant.

L’investissement de son temps est important.

Le prophète(prières et salutations d’Allah sur lui) a dit :

« Nul n’a meilleur repas que ce qu’il a obtenu par ses propres mains et le prophète d’Allah, Dawûd(salutations d’Allah sur lui) se nourrissait de ce qu’il obtenait de ses mains » Sahih Al Jâmi'(n°5546)

Le prophète(prières et salutations d’Allah sur lui) a dit :

« Si vous placiez pleinement votre confiance en Allah alors Il subviendrait à vos besoins comme Il le fait avec un oiseau, il s’envole affamé et revient rassasié ». As-Sahiha(n°310)

Une question peut venir à nous : est-ce que l’oiseau attend sagement que sa subsistance lui tombe du ciel ? La réponse est non ! Il s’élance et parcoure la terre à la recherche de sa subsistance jusqu’à ce qu’il retourne dans son nid rassasié et qu’il apporte avec lui de quoi nourrir ses petits .

Ce point est important, le croyant n’a pas de « vide » dans sa vie, il rentabilise énergétiquement son temps.

De plus si l’on rassemble ce « vide » avec la jeunesse et l’argent et que les règles de la shari’a ne sont pas suivies, que se produit-il ? Cela provoque la perversion de l’individu, qu’Allah nous en préserve.

4e moyen :

« S’investir moralement et physiquement dans le moment présent et s’écarter de l’appréhension de l’avenir ainsi que de l’amertume du passé »

Ainsi, il est nécessaire que le musulman ne s’attarde pas sur ce qui est révolu car cela génère de la tristesse et de l’angoisse mais il essaye d’oublier et il interrompt la réflexion sur cela.

De même, il n’occupe pas son esprit par une chose qui ne s’est pas encore produite, il met en œuvre les moyens pour l’atteindre mais sans frayeur ni appréhension.

Mais plutôt il œuvre dans le moment présent sur lequel il peut influer. Il ne s’agit pas non plus de reprendre les idées libertines poussant à profiter de la vie mais il s’agit de s’investir au jour le jour dans ce qui nous sera profitable ainsi qu’à nos proches.

Tu réfléchies chaque jour, combien de droits d’Allah as-tu satisfait ? Combien de droits à ta propre personne as-tu satisfait ? Mais également vis à vis de tes frères, de ta famille…
Occupes ton esprit par cela.

Le prophète(prières et salutations d’Allah sur lui) disait :

« Ô Allah, je cherche protection auprès de Toi contre l’inquiétude de l’avenir et l’amertume du passé et je cherche protection auprès de Toi contre la passivité et la paresse, contre l’impuissance et l’avarice et je cherche protection auprès de Toi contre la dette et la domination des hommes » Sahih Al Jâmi'(n°1289)

Tu peux ainsi voir des gens inquiets pour leur avenir : que va-t-il en advenir de mes enfants etc… mais dans le moment présent, il reste les bras ballants ! Il est pris d’anxiété et d’angoisse alors qu’il ne se prépare pas à faire face à cette appréhension future.

Occupes-toi quotidiennement dans l’obéissance à Allah jusqu’à ce que tu Le rencontres.

« Adore Ton Seigneur jusqu’à ce que t’atteigne la certitude » S15V99

De même, comme le cite l’auteur, le prophète(prières et salutations d’Allah sur lui) a dit :

« Recherche avec obstination ce qui te sera profitable, demande l’aide d’Allah en cela et ne faiblis pas. Si tu as été atteint par une calamité, ne dis pas si j’avais fait ceci alors il en aurait été ceci et cela mais dis « telle est la volonté d’Allah et ce qu’Il veut, Il le fait » car le terme « si » ouvre la porte à l’œuvre du diable » Sahih Al Jâmi'(n°6650)

De ce hadith, on tire plusieurs enseignements :

– l’obligation de solliciter l’aide d’Allah et de s’appuyer sur Lui dans nos affaires
– l’incitation à œuvrer énergétiquement dans ce qui nous est profitable
– la mise en garde contre la paresse et la passivité. Celles-ci ne font pas partie des caractéristiques des croyants
– l’obligation de patienter devant ce qui a été prédestiné sans se lamenter ni s’exclamer : « si j’avais ceci alors ceci et cela »
– prendre garde au « si » car cela émane de shaytan

On s’investit ainsi dans la pratique des bonnes œuvres et on occupe son esprit avec cela tandis que l’on retire de notre esprit le ruminement du passé, et l’appréhension de l’avenir dont plus particulièrement, les affaires que seul Allah connaît.  »

Tiré de mon ouvrage « Les maladies psychologiques, définition, prévention, remède » aux éditions Tawbah.