La recherche du bonheur et la prémunition contre le malheur est le propre de tout être humain. Néanmoins, ces derniers divergent quant aux moyens entrepris afin de concrétiser ce noble dessein.

En tant que musulman, nous savons que l’Islam renferme d’innombrables moyens destinés à parachever ce bonheur ici-bas et dans l’au-delà.

Afin de développer ce sujet, je vous propose l’étude d’un ouvrage du shaykh Abdurrahman Ibn Nasr As-sa’di (qu’Allah lui fasse miséricorde), éminent savant de ‘Unayza (en Arabie Saoudite), « Al wassail al mufida lil hayat as-sa’îda » (Les moyens utiles pour une vie heureuse).

Nous allons reprendre chacun de ces moyens in cha Allah avec les précieux commentaires du shaykh Salih As-Souheymi (qu’Allah le préserve), enseignant à la mosquée sacrée de Médine, afin de mieux saisir la profondeur de ses propos.

Cette série d’articles permettra ainsi d’exposer des solutions, à la lumière du Qur’an et de la Sunnah, qui lorsqu’elles sont employées permettent de soigner certaines sources d’anxiété et empêchent l’évolution vers des tableaux anxio-dépressifs caractérisés.

On peut donc à mon sens parler de psychothérapie « préventive ».

Vous pouvez écouter le 1er audio ci-dessous:

 

« Cet ouvrage figure parmi les nobles ouvrages du shaykh Abdurrahman Ibn Nassr As-saadi, qu’Allah lui fasse miséricorde. L’auteur y expose les causes conduisant à la récompense d’Allah et au bonheur dans cette vie et l’au-delà. Il s’agit, et le titre est claire, de : Les moyens utiles pour une vie heureuse. C’est à dire, les chemins, les voies et les causes qui te conduiront vers le but convoité par chaque individu, la réalisation du bonheur dans cette vie et l’au-delà.

Le croyant est certes le bienheureux dans sa vie ici-bas et dans l’au-delà et ce, malgré la possible pénibilité de sa vie ici-bas. Tandis que le mécréant est celui qui souffre dans cette vie et l’au-delà et ce, malgré les largesses et les délices dont il a pu jouir durant sa vie.

« Al wassâil » est le pluriel de « al wassîla » qui signifie la cause qui mène à l’objectif.

La croyance des pieux prédécesseurs nous apprend qu’il est nécessaire de recourir aux causes mais sans compter sur celles-ci. En effet, nous recourons aux causes mais tout en s’appuyant sur Allah, gloire et pureté à Lui afin qu’Il concrétise le but recherché.

Ceci est la distinction entre la voie des pieux prédécesseurs et la voie de « Al qadarya » et de « Al jabrya ».

« Al qadarya » s’appuient exclusivement sur les causes et affirment que seul le serviteur est capable de concrétiser son but, sans intervention divine, et qu’il est l’unique « créateur » de ses actes. Quant à « Al jabrya », ils renient le recours aux causes et affirment qu’il n’y a aucun sens à y recourir car le serviteur est semblable à une plume qui se déplace au grès du vent, sans volonté propre.

Les « gens de la sunna » se positionnent au milieu, entre ces deux groupes déviés, ils ne renient pas les causes mais ils ne s’appuient pas non plus dessus exclusivement mais bien au contraire, ils obligent le recours aux causes légiférées et à s’en remettre à Allah le très-haut.

Ainsi le Shaykh cite les causes conduisant au bonheur à la lumière de l’Islam.

Parmi celles-ci, il y a :
– des causes religieuses c’est à dire des actes d’adoration qu’Allah a légiférés pour atteindre ce bonheur dans cette vie et dans l’au-delà.
– des causes naturelles, propres à la nature première de l’individu, « al fitra », des comportements nobles dont Allah l’a dotés.
– des causes autres que celles précédemment citées.

Le serviteur utilisera ces causes afin d’atteindre la félicité dans cette vie et surtout dans l’autre vie, la vie éternelle dont la joie est sans fin, au Paradis, la demeure préparée pour les pieux, aussi étendue que les cieux et la terre réunis.

Cependant, cela ne se réalise que pour les croyants sincères qui œuvrent vigoureusement dans l’obéissance à Allah, qui se conforment à Sa législation et qui recourent aux moyens menant à Sa satisfaction, gloire et pureté à Lui.

Selon l’investissement que l’individu aura à recourir à ces moyens, il sera soit parmi les malheureux soit parmi les bienheureux soit parmi ceux qui tanguent entre l’un et l’autre.

De plus, seul le musulman vouant un culte exclusif à Allah peut aspirer au réel bonheur selon son degré de recours à ces moyens. Allah dit d’eux:

 » Ensuite, Nous fîmes héritiers du Livre à Nos serviteurs que Nous avons choisis, parmi eux, ceux qui sont injustes envers eux-mêmes, ceux qui se tiennent sur une voie moyenne (qui ont limité leur investissement) et ceux qui ont devancé dans les bonnes œuvres par la permission d’Allah  » S35V32

« ceux qui sont injustes envers eux-mêmes », qui ont mêlé bonnes et mauvaises œuvres.
« ceux qui se tiennent sur une voie moyenne », qui ont freiné leur investissement dans la religion en limitant la pratique des bonnes œuvres et l’éloignement des interdits.
« ceux qui ont devancé dans les bonnes œuvres », les bienfaisants, qui adorent Allah comme s’ils le voyaient mais s’ils ne le voient pas, Lui les voit.

Quant au mécréant, il n’atteint pas un tel bonheur en conséquence de sa mécréance et nous implorons Allah de nous préserver de leurs états.

1er moyen :

Le shaykh débute par le principal moyen, le plus important d’entre-eux et toute affaire possède des éléments fondateurs. Lorsque les fondements sont solides alors la structure le sera tout autant mais s’ils sont fragiles alors elle s’effondrera.

Allah dit :

 » Lequel est plus méritant ? Est-ce celui qui a fondé son édifice sur la piété et l’agrément d’Allah ou bien celui qui a placé les bases de son édifice sur le bord d’une falaise croulante et qui croula avec lui dans le feu de l’Enfer ? Et Allah ne guide pas les gens injustes  » S9V109

Ce moyen principal et primordial est « la foi en Allah, gloire et pureté à Lui, et les œuvres pieuses qui en découlent ».

La foi en Allah et les œuvres pieuses sont indissociables, la foi augmente et diminue à mesure que les œuvres augmentent ou diminuent. C’est ainsi que les pieux prédécesseurs disaient : « la foi est parole et œuvre ». L’œuvre fait donc partie de la foi, elle en est un pilier parmi ses piliers.

Parmi ces œuvres, certaines provoquent la perte de la foi en leur absence tels que le double témoignage et la prière. Tandis que d’autres œuvres ne provoquent pas la perte de la foi mais l’affaiblissent comme le délaissement de certaines obligations ou la réalisation de certains interdits tant qu’il ne s’agit pas d’une association ou d’une mécréance.

La foi et la pratique des bonnes œuvres constituent donc le premier moyen et le plus important qui permet l’obtention d’une vie heureuse. Le shaykh étaye ce point par le verset suivant :

 » Quiconque réalise des bonnes œuvres, parmi les hommes et les femmes, et qui est croyant, Nous lui accorderons une vie paisible et Nous le rétribuerons des meilleurs de leurs œuvres  » S16V97

Les versets sur ce point sont nombreux, nous pouvons aussi citer :

 » Excepté ceux qui croient et qui pratiquent des bonnes œuvres, ceux-là auront une récompense sans fin  » S84V25

Ceux-là sont les bienheureux dans leur vie ici-bas et dans leur vie future. Une vie paisible dans cette vie, par la satisfaction de ce qu’Allah lui a partagé comme biens, par son appui sur Allah, par la reconnaissance face aux bienfaits, par la patience dans les épreuves qui le touchent. Une vie paisible dans sa vie future, au Paradis, la demeure éternelle des délices.

En cela, le shaykh distingue deux catégories de gens selon la force de leur foi et des œuvres qui en découlent :

1. Ceux qui sont reconnaissants devant les bienfaits car ils savent que la reconnaissance envers Allah permet de préserver ces bienfaits tandis que l’ingratitude les fait disparaître. Allah dit :

 » Votre Seigneur a décrété : si vous êtes reconnaissants alors J’accroîtrais mes bienfaits sur vous mais si vous méconnaissez(ces derniers) alors sachez que Mon châtiment est terrible  » S14V7

Ceux-là sont pleinement reconnaissants puis ils utilisent ces bienfaits dans l’obéissance à Allah, telle que la dépense de ce qu’Allah leur a donné dans ce qui plaît à Allah le très haut, et œuvrent ainsi pour leur vie future où ils récolteront les fruits de leur dévouement.

De même, ils sont endurants lorsque des calamités les atteignent, telle que la perte d’un bien convoité, la maladie, la mort d’un proche ou autre, ils sont satisfaits du décret divin avec plein espoir en la miséricorde d’Allah et ils repoussent ces épreuves par la force de leur foi et ce, quand bien-même elles dureraient de longues années en espérant par cela une récompense énorme de la part de leur Seigneur.

 » Les endurants seront rétribués sans limite  » S39V10

Afin d’illustrer ces propos, le shaykh cite un hadith, clair de sens, rapporté par Muslim(n°2999), dans lequel le prophète(prières et salutations d’Allah sur lui) dit :

 » Qu’est étonnante l’affaire du croyant car tout ce qui l’atteint est un bien pour lui et ceci est le propre du croyant, lorsqu’il est le témoin d’une joie, il se montre reconnaissant et ceci est un bien pour lui, et lorsqu’il est atteint par un mal, il patiente et cela est un bien pour lui « 

Ainsi, le croyant vit sereinement avec la certitude du bénéfice qu’il tirera de ses moments de joie mais aussi de ses moments de peine car il sait que toute affaire n’est que l’expression du décret divin : ce qui l’a atteint n’aurait pu lui échapper et ce qui lui a échappé n’aurait pu l’atteindre.

D’où la parole des pieux prédécesseurs au sujet des causes du bonheur : « lorsqu’il est touché par une grâce, il est reconnaissant, lorsqu’il est éprouvé, il endure  et  lorsqu’il commet un péché, il se repent » .

2. Ceux qui lorsqu’ils reçoivent d’Allah un bienfait ou bien qu’ils sont atteints par un malheur, ils sont malheureux en toute circonstance. Quelqu’un pourrait alors s’interroger : comment peut-il être malheureux lorsqu’une grâce l’atteint ?

Nous allons répondre à cela comme le décrit le shaykh.

Le non-croyant ou bien celui qui est ingrat devant le bienfait d’Allah ou encore celui dont la foi est faible, lorsqu’il reçoit un bienfait de la part d’Allah, il n’est pas heureux pour plusieurs raisons :

– Il est animé d’un fort désir d’amasser ces biens et s’y accrochent fermement avec ses molaires ! Tu le vois alors amasser de l’argent que son origine soit licite ou illicite.
– Il n’est pas reconnaissant envers Allah pour ce bienfait.
– Il craint ardemment que ce bienfait le quitte en raison de la faiblesse de sa foi ou par l’absence de foi s’il est mécréant.

Tu le vois ainsi, qu’Allah nous en préserve, en proie à la peur et à la colère et en proie à l’épuisement, sans aucune sérénité ni repos.

Prenons l’exemple de celui qui s’adonne à l’intérêt usuraire (Ar-Riba), qu’Allah nous en préserve, il peut être millionnaire mais n’est nullement reposé :

Premièrement, il n’y a aucune bénédiction dans son argent ni même pour lui-même ou ses propres enfants.
Deuxièmement, quand bien-même il amasserait des richesses, il continuera de s’écrier « encore, encore » en recourant à des moyens interdits. Ainsi est l’état de toute personne qui amasse des richesses par des moyens interdits.
Troisièmement, tu le vois craignant la perte de ce gain, angoissé, préoccupé et effrayé notamment lorsqu’il doit s’acquitter de ses impôts ou qu’il doit en dépenser pour ses propres besoins !

Tu le vois alors en proie à des désordres psychologiques qui l’affectent tandis qu’il était solide comme un roc.

Ainsi, il est malheureux dans cette vie sans parler de ce qui l’attend le jour du jugement !

Lorsqu’il est maintenant touché par une calamité, le voilà perdu à la recherche en vain du moyen qui lui permettra de trouver son bonheur quitte à recourir encore une fois à des moyens illicites ! Tu le vois ainsi se rendre chez les sorciers, les charlatans et autres voyants en conséquence du fait qu’il n’ait pas patienté face à l’épreuve d’Allah.

Tu peux aussi le voir rechercher des remèdes parmi des nuisances, comme on le voit en occident, tel que l’alcool et autres substances enivrantes qu’il espère l’aideront à oublier ce qui le chagrine. Il s’adonne alors à autant de choses illicites qu’il le peut.

Ceci explique l’apparition de nos jours d’autant de maux dont on ne trouve pas de remède comme le SIDA et autres.

Puis vient le châtiment de l’au-delà en conséquence de ses exactions, qu’Allah nous en préserve.

La foi et les bonnes œuvres constituent donc le fondement principal par lequel l’individu aspire au bonheur dans cette vie et l’au-delà. »

Extrait de mon ouvrage « Les maladies psychologiques, définition, prévention, remède » aux éditions Tawbah.